ARTICLE LA FRANCE AGRICOLE // 4052 // 22 MARS 2024
Elle valorise la laine des éleveurs.
En Haute-Loire, la styliste Émilie Rizzo a lancé sa marque de produits de literie garnis de laine de moutons élevés par ses voisins.
«Je ne m’identifiais pas aux gens de la ville, je n’avais pas les mêmes valeurs ni les mêmes envies. En entreprise, le côté humain me manquait. J’avais du mal à faire confiance aux personnes, et besoin de plus d’authenticité. »
Émilie Rizzo quitte la capitale enceinte de son premier fils, afin de passer ce temps avec sa famille. Diplômée d’une école parisienne de stylisme, elle avait touché du doigt la réalité de la surconsommation textile, et choisit de faire une volte-face courageuse.
En 2012, la jeune styliste tourne cette page de sa vie.
Elle s’éloigne des maisons de haute couture et de la fabrication du prêt-à-porter.
Son compagnon, a lui aussi grandi dans une petite commune de Haute-Loire. Le couple a ainsi préféré vivre et élever ses deux garçons à Bas-en-Basset, un petit village au bord de la Loire, tranquille et très ensoleillé.
Lancer sa marque en plein confinement…Émilie et Guillaume se rapprochent de leur voisin Patrice, éleveur ovin. « Nous avions perdu cette habitude des moments simples, à discuter », confie la jeune femme.
L’Altiligérienne (habitante de la Haute-Loire) comprend mieux la réalité économique de cette profession.
« Les éleveurs paient le tondeur. S’ils ne vendent pas la laine, c’est une perte sèche », souligne-t-elle.
Après avoir rencontré d’autres agriculteurs, Émilie s’instruit sur ce matériau naturel aux Ateliers de la Bruyère, à Saugues, qui le transforment.
Bien décidée à valoriser la laine locale, l’entrepreneuse est sélectionnée et accompagnée par un incubateur de Saint-Étienne et des mentors. Ils bâtissent un business model, et six mois intenses en École de commerce
à Lyon lui sont nécessaires pour devenir compétente en comptabilité et en marketing.
Celle qui rêvait adolescente de lancer sa marque de vêtements crée sa collection de produits de literie durables en pure laine : couettes et oreillers, douillets et sains car thermorégulateurs.
Sa SAS 6h55 fabrique en Haute-Loire, dans une Entreprise du patrimoine vivant. Pour convaincre, Émilie se rend sur des salons et s’expose sur Instagram.
Elle explique sa démarche d’une literie sans fibres issues de la pétrochimie.
« Je n’ai jamais eu peur de me lancer. Il faut être un peu kamikaze et prête à perdre l’argent au début », assume cette quadra, déterminée et lucide.
A. Valois